vendredi 24 février 2012

Quand l’œuvre poursuit seule sa route…

      Quiconque a des enfants sait, qu’un jour ou l’autre, ils quitteront le nid familial pour voler de leurs propres ailes. On ne sait juste pas quand exactement. Comme on ne sait pas non plus ce que l’avenir leur réservera alors… On essaie de leur transmettre le meilleur de soi et ensuite, bien… On croise les doigts… Le principe est le même pour les enfants de papier.

     J’ai terminé l’écriture de la série quelque part en 2011, puis le tome 5 est sorti à la mi-novembre. Mon deuil de Filles de Lune s’est amorcé à ce moment. Je tournais la page sur plus de dix ans de ma vie, l’aventure ayant débuté en 1999. Au début de janvier, je me suis rendue dans Charlevoix, pour dire officiellement adieu à mes personnages. Étape nécessaire pour moi.  L’idée à l’origine des aventures de Naïla est née à St-Joseph de la Rive, petit village au bord du fleuve, où je me rends pratiquement chaque année depuis toujours. Mes parents y ont un chalet et mes grands-parents paternels y demeurent. Sur les berges du St-Laurent, je me suis remémoré les dernières années et tout le chemin parcouru depuis les premières lignes de Filles de Lune. Puis, j’ai quitté la place quelques jours plus tard, l’impression de pouvoir vraiment passer à autre chose, dans ma tête du moins…

     Depuis ce temps, j’ai repris l’écriture; j’en ai déjà glissé un mot. Je me plonge chaque jour dans un univers totalement différent de Filles de Lune – le prochain roman est contemporain- et avec des personnages à mille lieux d’Alix et Naïla. Honnêtement, ça me fait du bien de changer de genre le temps d’un bouquin.  Mon imagination «fantasy» profite de cette pause pour travailler en coulisse sur la prochaine série, sans pression, ni obligation.  Je me contente de prendre des notes … et de souvent m’étonner en constatant que les pièces du casse-tête se placent toutes seules si on leur laisse le temps, mais surtout la liberté de le faire…

     Comme les véritables enfants, ceux de papier ne nous quittent jamais vraiment… Malgré que je travaille sur d’autres projets, il ne se passe pas une semaine sans que de nouvelles critiques des différents tomes apparaissent sur internet, en provenance d’ici ou d’ailleurs et je reçois encore de nombreux courriels de gens qui découvrent la série, longtemps après sa première apparition sur les tablettes.  C’est un plaisir chaque fois. Mais au-delà de ces rappels «habituels» que Filles de Lune continue son chemin, il y a des moments qui me touchent davantage. J’ai eu droit à deux cette semaine…

    J’ai reçu des dvd du Théâtre In Extenso contenant des photos, une reprise de l’extrait présenté au SLM et l’intégrale de la pièce du 25 novembre dernier.  Non seulement ça a fait ressurgir d’extraordinaires souvenirs, mais ça m’a rappelé que les livres ont la possibilité de renaître sous diverses formes. Et que c’est non seulement un honneur d’avoir un bouquin adapté à la scène, mais aussi un privilège de voir vivre ses personnages. Parce que ça implique que notre histoire a fait vibrer quelqu’un au point où cette personne a eu envie de donner un souffle particulier à notre univers et que des comédiens ont ensuite eu envie de se glisser dans la peau de nos personnages. À mes yeux d’auteure, ça n’a pas de prix… Merci encore une fois à Isabelle Lavoie de m’avoir permis de vivre – et maintenant revivre – ces moments magiques… Et je continue d’espérer que ce n’était qu’un début…

    Et puis, mon laissez-passer pour le Salon du Livre de Paris est entré par courriel, en même temps que la confirmation de ma présence à la soirée d’inauguration du Salon, de même qu’à la soirée du Délégué général du Québec à Paris. Le 15 mars prochain, 4 ans jour pour jour après le lancement de Naïla de Brume, le même bouquin paraîtra chez Pocket et Pocket Jeunesse et j’en serai témoin, quelque part dans Paris… Je suis choyée... Je le sais… Et je savoure chaque moment…